Vous venez d'entrer dans cet édifice pour des raisons qui vous sont propres (visite, pause, réflexion, recueillement, prière...).
Sachez cependant que le 24 Août 1864 (St Barthélemy), l'archevêque de Cambrai a tracé sur ses murs, avec l'huile sainte, douze signes de croix (apparaissant encore sous la peinture) le consacrant ainsi Maison de Dieu.
Les églises précédentes ont toutes été érigées sur ce même site depuis certainement le XII° siècle sinon plus tôt encore. Ce sont d'ailleurs les creusements de tombes au cours des siècles qui ont relevé le niveau du cimetière qui l'entoure.
Mais ces bâtiments étaient «orientés» : tournés vers l'Est (Ecaillon). En 1780, la bâtisse d'alors se présentait dans un tel état de délabrement qu'il fallut entièrement la modifier, la restaurer...
passe la Révolution qui la ramène à sa dégradation antérieure...
elle perdure néanmoins, rafistolée, jusqu'en 1860, date à laquelle la municipalité décide d'élever un nouveau sanctuaire: celui-ci.
Pour des raisons de commodité d'accès, il est retourné, choeur dirigé vers le soleil couchant, «occidenté» (Lewarde) gardant, toutefois, ses axes cardinaux. Il s'érige de 1861 à 1863 et fut béni le 11 novembre de cette année-là, fête de Saint Martin...
Son maître d'oeuvre, l'éminent architecte Emile Boeswillwald (Alsacien), protégé de P. Mérimée, collègue de Viollet-le-Duc, inspecteur général des Monuments historiques, participait à l'organisation du service des édifices diocésains. Elite du Second Empire et voulant complaire à l'impératrice Eugénie, espagnole née à Grenade, il s'inspire crânement pour ce faire des monuments mozarabes andalous, d'où le style hispano-mauresque, mêlé de néo-roman, conféré à notre église: colonnes grêles, arcs en mitre ou outrepassés...
Pour la décoration, fort originale, de frise, de motifs floraux dont quatre arbres de Jessé différents (généalogie symbolique du Christ), pour les vitraux, il s'adjoint de remarquables artistes, les maîtres de leur temps: Louis Stenheil, Nicolas Coffetier, Adolphe Geoffroy-Dechaume (sculpteur renommé)...
Tous hommes de l'art qui intervinrent soit à Notre-Dame de Paris, à la Sainte-Chapelle (St Louis), aux cathédrales de Chartres, Laon, Strasbourg, Bourges, Bayonne, soit à la chapelle impériale de Biarritz « soeur sophistiquée de Masny »...(Les vitraux originaux, sous plomb, clairs ou colorés furent déposés en 1993).