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Partie 1
Extraits du livre  MASNY... ses EGLISES d'ANTAN.  Gérard COURTECUISSE Mars 2000
d'après les archives départementales du Nord, les archives municipales et paroissiales de Masny.

Conception et réalisation : Serge Devienne - Masnystoria - janv. 2013 et sept. 2018
Clic sur la photo ci-dessous pour voir la suite de la publication...
1860 - Le DERNIER EDIFICE - « le nôtre » - avant transformation en 1875

      Las d'obérer les finances locales pour un édifice hétéroclite dont les artifices soulignent la détresse, mais aussi, eu égard à la dignité du village ainsi qu'à la notoriété de son maire,
M. FIEVET, notable régional aux relations parisiennes, le conseil municipal, suivant les avis judicieux de son président, prend la décision, en 1860, de bâtir une nouvelle église, assurément bienvenue par la communauté.
Le maître d'œuvre en sera Emile BOESWILLWALD, collaborateur de Viollet-le-Duc, inspecteur général des Monuments historiques.
Clic sur toutes les photos pour agrandir
MASNY et ses EGLISES d’ANTAN

Extraits de l'étude de Gérard Courtecuisse - Mars 2000

(Les JOURNEES du PATRIMOINE 2012 et 2018)
Copyright
 © Masnystoria 2018
Du PREMIER au SECOND EMPIRE

... Et le jour de Pâques, 18 avril 1802, le Consulat promulgue le Concordat.

Rendue au culte, la ruine qu'est l'église, se doit d'être restaurée.
Rude tâche pour une bourgade exsangue.
Une enquête de 1838 sur les monuments historiques, mentionne, entre autres, qu'a été reconstruite
« seulement la nef du milieu... par les gens volontaires. Les habitants n’ayant pas la faculté de la faire rétablir sur ses anciens fondements. (Que) les fondements des deux nefs des côtés sont anciennes. .. ».
Il est vrai qu'il fallut, durant près de quatre décennies, faire face avec des moyens et des ressources dérisoires, voire recourir à des expédients.
En 1805, des briques redonnent forme au «bâtiment », du chaume le protège, un « cendré » améliore le sol.
Il est dressé, en 1808, l'état estimatif des réparations « exécutées par économie à l'église de l'architecte VOISIN ».
De 1812 à 1821, ce ne sont qu'arrangements de fortune : des briques, des tuiles, des
« fêtissures », du bois, des « gerbets ».
Mais, grâce aux 1050 F. accordés par le roi, suite à la « supplique » adressée par le maire à la Duchesse d'Angoulême, on adjuge la restauration du plafond et de la couverture du chœur. . .
« L’église, écrit le premier magistrat fin 1822, n’ayant pu être pavée faute de crédits, est pleine de trous. Elle se trouve démunie de tous les ornements et des meubles les plus nécessaires à la célébration des offices, confessionnal, chaire de vérité, autel, ciboire, habillements et linges ». Si le tableau, ainsi brossé, correspond à la réalité, l'ensemble devait ressembler à l'étable de Bethléem !
Outre la nef, la sacristie fait également l'objet d'une plus sérieuse remise en état en 1823.
Ce n'est qu'en 1839 que la réfection du dallage reparaît à l'ordre du jour. L'adjudication passe en octobre et les travaux s'exécutent en 1840. 1700 carreaux de pierre bleue, semblables à ceux du chœur, seront posés.
D'urgentes consolidations s'exigent en 1847.
Le clocher, lui, nécessitera de continues réparations.
Le 5 février de cette même année, ou plutôt le 16 pluviôse-An IV, il est fait « défences oficièlement au citoyen Menniote, ministre du culte catholique, de ne plus sonner la cloche ni faire sonné pour indiquer leurs de ses offices et pour aucun signe quelconque relatif a aucun culte »
C'est aussi entre ses murs qu'on y élisait les municipalités, qu'on recevait les serments et y choisissait desservants, clercs, instituteurs.. .
    Sous le Directoire, en 1796, les autorités l'ont érigée en «Temple de la Raison ».
-10 février 1799 - 22 pluviôse-An VII:
« La ci-devant église, batie en grès, briques et pierre blanche, couverte d’ardoise, de 75 pieds de long le chœur compris (environ 25 m) sur 40 de large (à peu près 13 m). Le chœur d’une moindre largeur. Cloche et terrain réservés »
est adjugée, au 36° feu à Flament et Consorts de Douai pour 130.000 francs en assignats, à charge pour les acquéreurs de la raser. Cependant, la démolition n'ayant pas été exécutée dans les délais prescrits, la vente est déclarée nulle.
Mais il ne subsiste de l'édifice que la tour-clocher et la grande nef délabrée.
On vient s'y servir en matériaux, particulièrement les nobles, grès, pierres blanches, réutilisés dans les environs élargis.
La REVOLUTION

      Passent sept courtes années... 1789... les Etats Généraux... l'Assemblée Nationale Constituante... ... ...
    L'église est affectée au culte constitutionnel. Les deux curés-jureurs y pratiquent: François Xavier Souillart en 1792 et 1793, Alexandre Méniotte en 1795-1796 sûrement.
- RECONSTRUCTION - 1780

      ...  C'est ainsi que, par ordonnance du 29 juillet 1780, Pierre-Charles Dehault de Lassus fait savoir qu'il sera, par lui Subdélégué de Monseigneur l'Intendant du Hainaut, procédé sur la place de MASNY, le lundy, 21 du mois d'Aoûst prochain, à 10 heures du matin, à l'adjudication au rabais le moins disant de la reconstruction de ladite église, suivant les clauses, charges, conditions et plans (déposés chez le sieur Manin, lieutenant-mayeur dudit Masny)...

... La « chapelle St-Nicolas » située, dit-on, dans le voisinage devint lieu de culte provisoire:
« Maÿ 1779 - Payé à plusieurs particuliers de Masny pour la réfection et réparations faites à la chapelle St-Nicolas pour y dire les offices divins pendant le cours de l’interdiction de l’église, tant aux maçons, charpentiers et autres... » (Registre de l’église).

... Une briqueterie fut installée à proximité du chantier qui s’ouvrit début septembre 1780 : « 1781 – Payé à Dominique Charlon pour qavoir travailler Deux jours à la brictrix de l’église... » (Registre de l’église).

    ... Mais, qu'advint-il des vingt-quatre dépouilles (pour le moins), inhumées dans le chœur, la chapelle de la Vierge ou la nef ? :
- trois anciens curés - un bailli de la terre et comté de Masny - ­deux enfants de Hamal, seigneur-comte - huit personnes des censiers « de la Tour » - trois des censiers d'Esclevain - trois de la « cense des Mottes » - quatre notables.  (Ordonnance royale du 1er Mars 1786 = interdiction d'inhumer dans les églises).

    ... En 1782, un embarras perturbe mayeur et échevins. Ils n'apprécient plus le clocher désigné dans l'acte d’adjudication, semblable à celui d'Etrun. En Mars, ils notifient aux entrepreneurs leur souhait de bâtir une tour « comme ils trouveront convenir » puis tiennent un aveu de commune « pour être autorisés de la communauté de la faire construire, attendu que c’est pour le plus grand profit et utilité de l’église... »...
. .. ouvrage qu'ils confient aux artisans locaux.

«... Tour massive et majestueuse, en grès depuis la base jusqu’en haut » qui dominera soixante-dix-neuf ans le village.

Elle devait être agréable et accueillante cette modeste « Maison de Dieu», en briques agrémentées de pierres blanches et de grès, bénie en 1781. « Payé au sieur Duriez pour remettre au Sr Lucas curé-doyen de Lalaing pour les deux bénédictions de la chapelle et l’église... » (Registre de l’église).  ...
Devant le Subdélégué Dehault de Lassus, les mayeur et gens de loy, les habitants les plus notables de la paroisse, les deux architectes, J.B. Le Clercq et J. Castille, dressent plan, profil, descriptif précisant en substance que
. la grande nef restera dans son entier,
. la muraille Nord sera démolie et reconstruite plus étroite... et
. répété un second bas-côté, au sud, de la même largeur. . .
. de manière que les trois nefs se trouvent sous un même toit, avec, en sus
- la reprise des pignons des bas-côtés - la consolidation des piliers supportant le clocher - la reprise du pignon de la grande nef avec le portail - de même que le pignon qui sépare le chœur des nefs - la restauration de la charpente - la réfection de la couverture, en ardoises - le pavage en carreaux de terre cuite -la reconstruction du clocher, pour sa charpente seulement et sa couverture en ardoises - le vitrage des croisées.
      A quelle époque pouvait remonter cette construction?
Evidemment, antérieurement à la fin du XVI° siècle. Mais encore!
Sa conception, élémentaire d'origine: plan orthogonal, modestes dimensions, rares ouvertures, s'adaptait bien aux humbles paroisses.
    Il serait hasardeux de penser que l'abbaye d' Anchin, collateur et décimateur, se soit hâtivement préoccupée d'un lieu de culte digne de ce nom en Esclevain.
Une chapelle préexistait-elle?
    Si la paroisse naît au milieu du XII° siècle, c'est à la fin de ce même siècle qu'est installée la « cour » (ferme seigneuriale) qui engendrera activité, main-d' œuvre et revenus. Ceux-ci comptabilisés au XIII° siècle.
    La structure, dévoilée par les plans et descriptions de l'église au XVIII° siècle: colonnes à chapiteaux, arcades, arc en tiers-point, ce dernier, témoin de l'art ogival, s'avérait déjà courante au XV° siècle.
Préjugerait-elle d'une évolution constante au cours du temps?
Il doit, néanmoins, être constaté qu'en cette fin XVIII°, l'édifice est véritablement mal en point: encaissé, sombre, étouffé; ses murs se descellent, gauchissent, se lézardent; sa toiture fuit; ses charpentes pourrissent... car, finalement, malgré et surtout en raison de néfastes aménagements, de réfections à l'économie, l'accessoire a prévalu sur l'essentiel.
Quiconque n'a pu ou voulu appréhender un entretien suivi.
Et l'ancienne église, peut-être vieille de cinq ou six siècles, se consume de décrépitude, de sénescence...
SURVOL TEMPOREL
Les documents graphiques viennent révéler et confirmer toute la simplicité, la rusticité de cette antique bâtisse:
de plan général rectangulaire de 21 m de longueur sur 17 m de largeur, hors-œuvre, divisée en
. un « vaisseau» quasiment carré (d'environ 17,50 m) prolongé sur une profondeur de 3,60 m de trois locaux accolés fermés par un chevet plat (large de 16,30 m hors-œuvre) composé d'une sacristie-Sud, carrée, de 3,00 m, accessible du chœur de 6,30 m auquel s'accote la chapelle-Nord de la Vierge, de 4,50 m (ces trois mesures dans-œuvre);
. Deux bas-côtés inégaux (4,50 m pour celui du Nord - 4 m pour le Sud) flanquent la «nef centrale» de 6 m environ (entre colonnes).
. Deux rangs de trois colonnes de 0,45 m approximativement de diamètre et hautes d' 1,30 m, formant arcades sur toute la longueur du «vaisseau », séparent la nef centrale des bas-côtés. Ces quatre arcades constituent les travées éclairées, dans leur axe, par quatre fenêtres percées dans les murs latéraux nord et sud.
. Le clocher, de 4,40 m au carré, monte du vestibule «sous tour », donc dans-œuvre, en pignon principal.
(* Mesures déterminées à partir de reproductions et de la conversion des pieds en mètres, donc imprécises)
. Afin de stabiliser le bâtiment, cinq raidisseurs plutôt que contreforts, marquant les travées, scandent les murs latéraux.

Ensemble présentant, assurément, des caractères communs avec l'église idéalisée par l'artiste du duc Charles de Croÿ.
  
Caducité et vétusté d'ailleurs dénoncées « par les ministres des autels à Monsg. L’Evêque d’Arras qui a jugé nécessaire d’y interdire la célébration des offices divins ».
Fort de ceci, Mr DEHAULT de LASSUS, Conseiller du Roi au siège royal civil et criminel de Bouchain, Subdélégué de Monsg. L'Intendant du Hainaut, considérant qu'il s'avère nécessaire d'entendre, de nouveau, les habitants déclare, par ordonnance du 28 avril, qu'il se rendra sur place le dimanche 9 may pour assembler la communauté et la faire délibérer.
Et se tint la réunion qui dut regrouper pas mal de monde...
« . . . de suite, il a été consenti par la généralité à la reconstruction de ladite église (ancienne, caduque et hors d’état de servir) ainsy que de fournir les corvées de charois de la part des fermiers et de faire les corvées de bras... »
- « CADUCITEE et VETUSETEE » 1777-1780

      C'est peu après son arrivée dans la paroisse que le « pasteur » Albert Duriez incitait à un état des lieux du culte. Il se concrétisa le 1° décembre 1777 par la descente des maçons François Gaspart et Jacques Picquette (de Masny) qui jugeaient et condamnaient «la ditte église a étre rebatie le tout en neuf a cause de sa caducitée dans toutes ses parties... ».
Le XVlll° siècle
- 1740.

Cent quarante ans après, un plan des Archives départementales du Nord présente, autrement, les mêmes constructions, plus stylisées, il est vrai, néanmoins caractéristiques:

. L’église demeure à priori orientée.

. Modeste dans son ensemble, elle figure basse, relativement allongée avec murs en pierres, toit à deux versants, chœur plat relevé d'une croix au faîtage.

. Le clocher, dans-œuvre en façade, massif, supporte une flèche trapue qu'achève une croix.
Au droit de la tour: le presbytère à un étage et toit à croupes.

A l'angle de la place: «la cour St- Antoine», tandis qu'une vaste mare naturelle, un « wetz », environnée d'arbres, baigne, au beau milieu de la rue, l'extrémité du cimetière sur toute la largeur de l'âtre. . .
      Beau monument! Mais combien magnifié et peu conforme à la réalité. En regard de « la Tour» (Cependant toute proche, de 20 m de diamètre et de 40 m de hauteur), il se révèle bien démesuré!

    L'importance de la bourgade paysanne ne passe que de quelques trente « feux », au début du XVI° siècle, pour en atteindre une soixantaine au milieu du XVIII°. Ses premiers seigneurs laïques jouissent d'un incontestable renom au XIII° siècle, pour s'éteindre dans la première moitié du XIV°. Leur succédèrent des familles exogènes non résidantes. L'abbaye d'Anchin, elle, gère ses biens en Esclevain, particulièrement sa considérable « cense ».

    Quant à la vue cavalière, le peintre, Adrien de Montigny, a bellement altéré le panorama, allant jusqu'à le concentrer, le distordre, tout en lui conservant une certaine authenticité.
On peut y situer, au premier plan, le « chemin de Bouchain»  (« voie des invasions »), le « chemin et la cense des Mottes » (à gauche), le presbytère et la « maison St-Antoine » au pied du clocher, le moulin à vent, sur pivot, de Lewarde et au loin, celui de Montigny sur les crêtes sableuses. A l'horizon, la vallée de la rivière Scarpe. . .

      Quelle qu'elle ait réellement été, cette « église de Dieu et de St MARTIN du villaige de Masny » recelait maintes « sainctes relicques » que détaille un chirographe du 16 septembre 1619 :
 « St Maurice - St Tècle, vierge et martire - St Ursule et ses compaignes vierges et martires - St Eloy - St Sébastien - St Blaise - St Jean et St Paul - St Roch... »
Les ALBUMS de CROY

   D'aussi loin qu'en témoignent les documents, le sanctuaire paroissial a toujours été bâti là où il se trouve encore aujourd'hui.
Sa représentation picturale la plus ancienne apparaît être la gouache des « Albums de Croÿ » peinte en 1601.

. L'édifice, tout en pierre, est réellement « orienté à l'Est ».

. Quatre travées forment le vaisseau cubique fermé d'un chevet plat surmonté d'une croix.

. Huit lucarnes-chatières percent le versant Sud du toit en bâtière revêtu d'ardoises.

. A l'Ouest, une flèche élancée, sommée d'une croix, chapeaute une haute tour carrée, paraissant en saillie sur le pignon, avec fenêtre à l'étage de la cloche.
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