[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[]
[Web Creator] [LMSOFT]
AUJOURD'HUI...
 
   La mondialisation pose un défi à l'agriculture. Sans les subventions ou plutôt primes compensatoires pour ajuster la différence entre le prix mondial et nos prix de revient, elle serait appelée à disparaître.
     La mécanisation, la chimie et la génétique ont fait réaliser des progrès énormes en ce siècle, comme on n'en avait pas vus de tous les temps.
     Les petits paysans ne pouvant suivre en surfaces, en machines, en moyens financiers ont disparu, libérant les terres pour de grosses exploitations. Le remembrement officiel et subventionné les a rassemblées en de grandes parcelles faciles à exploiter.
     L'agriculture ne consomme plus ses produits pour la nourriture des chevaux : avoine, paille, foin. Elle souffre d'excédents. Il faut laisser obligatoirement des jachères pour percevoir des subventions. A la place on consomme des produits pétroliers que l'on va essayer de remplacer progressivement par des biocarburants - huile de colza ou de tournesol - et de l'éthanol alcool de betteraves ou même de blé ou de pommes de terre.
   Le SYNDICAT AGRICOLE de Masny  adhérant à la Fédération départementale des syndicats agricoles fut fondé en 1920. Il comptait environs 40 cultivateurs et fêta son 50è anniversaire en 1970.
En 2005 il reste 2 agriculteurs sur la commune.
Présidé par Léon Caffart, il organisait chaque année au début du mois de mai le bal du muguet - salle Labudzinski, rue de Roucourt

   Ensuite il y eut de petites batteuses individuelles chez les cultivateurs puis de grosses batteuses d'entreprise actionnées par une « locomobile» à charbon. Les chevaux devaient déplacer ces lourdes machines de ferme en ferme. Puis vinrent de gros tracteurs pour les déplacer et les faire tourner.

Il y avait une dizaine de servants: 2 fourcheurs, 1 engraineur, 2 porte sacs (80kgs) ,2 porteurs de ballots, 2 lieurs de fil de fer et le chauffeur. Tout ce monde travaillait dans la poussière... ! et dînait à la ferme. C'était un peu la fête.

Vers les années 1960 arrivèrent les moissonneuses batteuses. Des petites tractées. Des automotrices avec des coupes de 3 mètres.

  Le battage se faisait primitivement au «  fléau» c'est-à-dire battre manuellement les épis des bottes sur une «aire» de grange, puis séparer le grain de la courte paille au moulin à vanner (tarare).
  Vers 1910 apparurent les moissonneuses lieuses. Une révolution! Des ouvriers saisonniers allèrent jusqu'à planter des tiges de fer dans les céréales pour casser les lames-scies de ces machines qui allaient prendre leur travail.
LE BLE

     Au début du siècle on semait encore le blé à la volée, avec un tablier de toile ou un bac ventral, ensuite on le recouvrait par un coup de herse. Bien sûr c'était des petites parcelles (des coupes de 11 ares, des razières de 45 ares). Les terres étaient très morcelées. Ensuite il y eut des semoirs mécaniques, avec des socs rigides, puis avec des socs articulés et des griffes pour recouvrir le grain. Les semis de blé d'hiver se faisaient au cours des mois de novembre et décembre.
Il n'y avait aucun traitement de désherbage. Quand le semis était en ligne, on pouvait biner pour nettoyer l'interligne avec une « sarcleuse » qui avait autant de rasettes en coeur qu'il y avait de becs au semoir.
   Le désherbage était manuel. On voyait dans les champs de céréales, pendant des semaines, des équipes de 5 ou 6 personnes se promener avec un «coupe chardon" pour les couper (légalement obligatoire), enlever les mauvaises herbes, fausse avoine («avron») et autres. Dans les régions où il n'y avait pas de main d'oeuvre, on voyait les champs fleurir de sauves (ravelutes) jaunes, de coquelicots rouges et de bleuets. Maintenant un coup de désherbage chimique ou deux et tout est propre.
  Engrais simples: sulfate d'ammoniac, nitrates, phosphates, potasse d'Alsace.
    Au début du siècle la MOISSON se faisait à la main, au «  piquet » dans la région, à la faux dans d'autres. On liait les bottes manuellement avec la céréale, puis on les mettait en petits tas : « moyettes » qu'on laissait sécher environ une semaine suivant le temps, puis on les rentrait en grange ou en meules ce qui nécessitait beaucoup de temps.
LE TRAVAIL DE LA TERRE

   Le labour s’effectuait par des charrues «jumelles». Elles n'avaient qu'un soc mais étaient réversibles en basculant sur leur axe pour être alternatives. Elles étaient tirées par un attelage de 2 chevaux avec des «traxis» encore appelés «lamiaux" assemblés par une « volée ». Ces labours duraient toute l'arrière saison et au printemps.
LA VIE RURALE
 
     Les artisans au service de l'agriculture étaient nombreux dans nos villages.
Les charrons construisaient des chariots, des «  barous » à 3 roues.

Les tombereaux, basculant leur charge à l'arrière, possédaient des brancards pour un cheval et non un court-timon. Les roues en bois étaient de véritables oeuvres d'art avec les moyeux, les raies, les jantes, tout en bois dur, acacia, orme, frêne, chêne. Les maréchaux-ferrants adaptaient sur ces roues des bandages de fer chauffés à blanc et les resserraient par refroidissement avec de l'eau froide. Ils fabriquaient toutes les ferrures forgées à la main qu'ils adaptaient sur ces véhicules.
    Ils ferraient les chevaux avec des fers chauffés à la forge, puis après avoir «paré» c'est-à-dire taillé les pieds, posaient ces fers brûlants sur la corne (... cette odeur de corne brûlée!) et les clouaient.

Les bourreliers fabriquaient tout le harnachement: brides, « plats traits» en cuir, colliers composés des attelles en bois rembourrées avec des coussins de crin pour ne pas blesser les épaules des chevaux.

Les vaches, le lait...

  Le cultivateur se levait tôt le matin pour la traite des vaches de  race Flamande, Frisonne (hollandaise) ou Holstein (canadienne). Il fallait environ 10 minutes pour traire une vache à la main soit une heure pour une douzaine, à deux personnes.

La crème de lait après maturation (fermentation naturelle) était battue pour en obtenir le beurre - le sous-produit étant le lait battu - dans une baratte basculante mue au début du siècle par une roue à chien, puis par un moteur à essence, ensuite par un moteur électrique, On malaxait la .crème environ 20 minutes l'été et parfois jusqu'à une heure l'hiver. Après l'arrêt le beurre venait en surface. Il était ramassé à la main, lavé manuellement à l'eau dans une «  ménette »  (cuve en bois) et mis en forme.

Les vaches étaient entravées par des colliers de chaîne dans des étables fermées. Les auges étant le long des murs, il fallait porter les mannes et passer entre les bêtes pour les nourrir.

Les maladies

     Les maladies épidémiques et contagieuses empêchaient d'avoir de gros troupeaux. La fièvre aphteuse, la brucellose (avortement), la tuberculose faisaient des ravages chez les bovins. Les coryza, la diphtérie dans la basse-cour. La prévention par des vaccins, des antibiotiques a peu à peu presque éradiqué ces maladies.
Il n'y avait pas beaucoup de médicaments et de remèdes pour les animaux aussi les paysans s'en remettaient à la Providence au cours des Rogations ou allaient servir certains saints par des neuvaines... ... 
La FERME
 
     La ferme flamande était bâtie au carré. Le corps de logis, l'étable, la grange et des remises en formaient les quatre côtés, au milieu, le fumier qui fut sorti de la cour par la suite.
     Il n'y avait pas d'eau courante. On pompait l'eau dans des puits pour la consommation familiale et pour le bétail.
    Pas d'électricité, pas de chauffage central, seule une cuisinière servait à la cuisine et pour le chauffage. Dans la cour une chaudière avec une grande cuve en tôle pour cuire des pommes de terre pour les porcs et faire des boissons pour les bovins.
L'invention de la vapeur puis de l'électricité avait fait faire des progrès
énormes à l'industrie (mines, chemin de fer, textile, sidérurgie...)
mais l'agriculture n'en avait pas profité et était restée à l'état primaire : 
travail manuel, traction animale.
PREFACE
       
     Que n'a-t-on proféré vis-à-vis des «cinsiers» ?
    Que ne glose-t-on pas encore? 
           
     Qu'ils furent paysans, «ménagers », fermiers, «censiers », tous ont passé leur vie,
dans la touffeur comme dans la brume, sous le gel et les ondées, à scarifier la terre, à la purger, la ravaler, la caresser, à lui tirer sa « substantifique moelle »...
... pour procurer aux leurs, à la communauté, au pays, au monde, le «pain quotidien ».
     Crottés, hâlés, infatigables, opiniâtres, endurants, précédant l'aube, raillant
« la brune », ils allaient et vont toujours en solitaires, face à leurs pensées, au milieu de la création.
     Tel persiste et signe le paysan, le rural, en une existence des plus rudes mais chère à son coeur...
     Il l'aime à en crever cette terre généreuse, avec une obsédante passion, avec ses reins, ses tripes...
 Gérard COURTECUISSE
Président de « Masnystoria »  
Commission Historique du Nord
Octobre 2006
Paul TIBERGHIEN
Ancien agriculteur
Trésorier de l'association « Masnystoria »
(2005 – 2006)
1ère Partie

Extraits et photos
d'après l'ouvrage
 
SOUVENIRS
de L'EVOLUTION de L'AGRICULTURE
AU COURS du XX° SIECLE