Bénédiction le 13 Octobre 2006
par l'abbé Joseph Nurchi,
Maintenant en bordure de la rue Jean Lutas, « délaissé» de la D 8, la chapelle se tenait, à l'origine, à la fourche du chemin qui conduit à Monchicourt (Monchecourt) et du chemin du moulin de Masny, sur un «flégard» dénommé l'Arbrisseau.
De plan carré au dos arrondi et en grès de pays, elle était couverte d'un toit à deux versants et croupe postérieure ronde constitués d'écailles en schistes tournaisiens. Le toit venant s'appuyer sur un pignon à fronton triangulaire, architecture traditionnelle de la région.
C'est peu après la seconde guerre mondiale, qu'un artisan cimentier d'origine italienne, animé d'un zèle fort louable, devait «restaurer» le petit sanctuaire, à la toiture délabrée par le temps, suivant ses propres conceptions en la matière. Transformations qui conférèrent à l'oratoire une curieuse allure byzantine pour le moins dépaysante...
C'est ainsi que disparut, littéralement désagrégé, le retable mural du XVll° siècle, en chêne, qui renfermait la fidèle reproduction du révéré tableau de Cambrai.
Subsistait, heureusement, au dessus de la clé de voûte de la porte, la pierre de fondation en grès sculpté portant la date 1691.
A la fin du XVll° siècle, français de fraîche date, MASNY éparpille sa poignée de chaumières, sa paire de censes carrées et sa formidable tour médiévale sur un ressaut des monts saint-Rémy.
Aux confins de l'Ostrevant, côtoyant Flandre et Artois, la cinquantaine de «feux» de la communauté rurale brasillent en leur vallonné terroir de bocage, sentes et « coulants» d'eau.
Pittoresque bourg agreste piqué de «croisettes », scandé de simples oratoires nichés, qu'aspire à redécouvrir Pierre Ambroise Lemaire, l'un de ses paysans, atteint de cécité. - Les chirographes des archives municipales attestent de l'existence de ce patronyme depuis 1472 - .
Vers 1690, alors qu'il n'y voit plus depuis plusieurs années, il se résout à aller implorer la guérison de son infirmité devant la célèbre Vierge de Cambrai, servie dès 1452. Oeuvre du XIV° siècle, elle fut le don du cardinal-légat du pape, Jean ALLARMET, à son secrétaire Fursy de Bruille.
En voiture à cheval, avec quelques membres de sa famille, il entreprend donc ce déplacement, de plus de cinq lieues, vers la cathédrale...
Durant la messe, alors qu'il s'abîme dans la prière devant la vénérable peinture de Notre-Dame de Grâce, il lui semble que des rayons émanant de l'icône, ramènent la vie à ses yeux.
Transporté d'allégresse, après être allé témoigner son immense gratitude à sa divine Bienfaitrice, il décide, en signe tout à la fois de félicité et de mortification, de rentrer pieds nus à Masny...
... y réalisant alors le voeu qu'il avait formé. Et afin de perpétuer ce qu'il considère comme un miracle, Pierre Ambroise fait ériger, avec l'autorisation du seigneur-comte de Renesse, une chapelle dédiée à la Patronne du diocèse à laquelle il doit tant.