En France, l'extinction des Capétiens directs va provoquer un désastreux imbroglio féodal... Qui doit devenir souverain du pays : «l'Anglais» Edouard, petit-fils de Philippe le Bel (par sa mère, Isabelle) ou son neveu, «né du royaume», Philippe VI de Valois ? Ce dernier prévaudra au grand courroux de l'Angleterre... En 1337, Valois confisque à Edouard, pour «félonie», le duché d'Aquitaine... Et le feu de se bouter...
Edouard décide d'attaquer la France par le Nord et noue, pour ce faire, des alliances avec les rebelles flamands et des princes d'Empire... Trois années après il prend, à Gand «le titre et les armes de France»... La guerre devient dynastique.
L'attitude du Hainaut pourrait se restreindre à cette remarque, subtile, de son comte Guillaume II, prince d'un «fief qui relevait du roi de France sur la rive gauche de l'Escaut et de l'Empereur sur la rive droite...l'obligeant de s'unir aux Français sur terre de France et aux Impériaux sur terre d'Empire...» !
C'est lors des fameux «Voeux du héron», en 1338 à Windsor, que l'ardent et néophyte chevalier Gauthier de Mauny proclamait solennellement : «si la guerre s'émeut entre le roi d'Angleterre mon seigneur et Philippe de Valois qui se dit roi de France, je serai le premier qui s'armera et prendra château ou ville forte sur le royaume de France» !
Et il tiendra cette virile promesse... à Mortagne, à Thun-Lévêque, à Cambrai...
En Bretagne, il combat au côté de Robert d'Artois qui trépassera à Vannes en 1342.
Avec les Mauny, nombre de nobles, «hommes de Monseigneur le comte de Hainaut», prirent le parti d'Angleterre... tels les Auberchicourt, les Ecaillon... ...
Août 1346 retrouve Manny devant les «crestiaux» (créneaux) de Calais où Jean de Vienne, gouverneur, propose la reddition de la ville affamée... c'est le célèbre épisode des «six bourgeois, pieds decauds et corde au col» pour la vie desquels plaide véhémentement Gauthier puis sentimentalement la reine Philippa... qui, néanmoins, obtient pour elle la confiscation des biens du «bourgeois» Jehan d'Aire... Gauthier y reçoit des propriétés...
Episode épique, encore que controversé, que Froissart, l'historiographe des Grands cite d'ailleurs le premier...
«Il y a de sérieuses raisons pour ne pas douter de la fameuse histoire de l'intervention... bien qu'elle ne soit pas mentionnée par tous les chroniqueurs de l'époque» (Dixit des analystes Britanniques)...
Gauthier, Walter de Manny insulaire, «type accompli de l'honneur féodal»... au temps des chevauchées, quand la guerre nourrissait la guerre... décède en janvier 1372, possédant des domaines dans seize comtés d'Angleterre...
Gérard Courtecuisse - Déc.2005
En ce jour de juin 1308, les cloches de Boulogne carillonnent les épousailles d'Isabelle de France, fille du «roi de marbre» Philippe IV le Bel, avec Edouard II d'Angleterre... «faux semblant» osent les mauvaises langues...
Passent dix-huit années d'humiliation. Lassée de l'indignité, de la médiocrité de son époux, la «Louve de France» se rend avec son fils adolescent, Edouard-junior, auprès de son frère le roi Charles IV, chercher aide et conseil. Le moment ne se révélant pas favorable, on l'encourage à regagner son pays d'adoption.
Opiniâtre, elle va poursuivre son dessein, en cela réconfortée par Roger Mortimer retrouvé à Paris, son amant. Son escorte passe la frontière en août 1326 atteignant l'Ostrevant - Ce petit pays naturel enserré entre Sensée, Escaut et Scarpe, situé en comté de Hainaut dépend donc de l'Empire Germanique. Là, aux confins de l'Artois, elle est accueillie en l'austère château de Bugnicourt cantonné de tours, élevé sur la crête près de la massive église, d'où la vue s'ouvre sur Arleux et ses vastes étangs. Le seigneur des lieux, également d'Auberchicourt, Nicolas II lui a offert asile. Informé, Guillaume I° de Hainaut ne tardera pas à recevoir ces hôtes royaux.
Isabelle plaide si bien sa cause qu'elle obtient, l'union du prince Edouard avec Philippa, deuxième fille du puissant comte ainsi qu'une escorte hainuyère pour rentrer en Angleterre... Edouard II déposé, bientôt exécuté, son fils, duc d'Aquitaine, se voit proclamé roi sous le nom d'Edouard III et la tutelle de sa française de mère... pour le moins épaulée par Mortimer avide. Ce qui le perdra rapidement.
... Philippa, mariée par procuration à Valenciennes en octobre 1327, va franchir le Channel avec, dans sa suite, un seul compatriote, d'ailleurs de sa famille : Gauthier de Masny, jeune d'à peu près son âge. Elle rejoint York pour y être mariée, avec toute la forme et la pompe requises, à Edouard III le 24 janvier 1328. Elle a quatorze ans.
