... Chacun de pressait autour des blindés, les yeux embués d'émotion, tendant les modestes trésors précieusement conservés: qui, une vieille bouteille de vin, un reste d'alcool, d'anisade... qui, des cigares, plus ou moins moisis... qui des fruits ou produits du jardin, de la cour: tomates, poires, œufs, volailles, fleurs.
Et ces présents étaient rendus au centuple aux yeux des « rationnés » masnysiens: cigarettes blondes largement distribuées aux hommes, chocolat et chewing-gum aux petites comme aux plus grandes mains avides, conserves aux mères de familles...
Les habitants des localités voisines «défavorisées » par le plan de marche, en particulier d'Aniche et d'Auberchicourt, étaient accourus en masse. . .
Les sonneries des cloches en fête, les drapeaux arborés par centaines, la chaleureuse spontanéité de la foule désordonnée, les applaudissements enthousiastes, les effusions fraternelles... et féminines, marquaient d'un sceau indélébile la bourgade doutant encore de sa joie ineffable.
Le Convoi cessa avec le crépuscule. Les unités atteignant leur but immédiat: Tournai (Belgique) via Somain, Marchiennes, Orchies...
Le lendemain, un hôpital de campagne de première ligne s'installa à l'extrémité de la rue de la Jaudrée...
... ... Mais, ce demain-là fut réellement un AUTRE jour.
- La 2° D.B.U.S. s'était déployée, traversant, de même, Roucourt, Lewarde, Montigny, Pecquencourt...-